Commenté en France le 2 septembre 2018
Dans l'alternance des lectures, il est bon de varier les genres et les thèmes qui maintiennent la motivation première de se renouveler à chaque fois, de puiser au fond de soi des ressources insoupçonnées, de rendre chaque lecture avec paradoxalement un certain recul et une pénétration dans le coeur des personnages, en somme, d'attiser le feu de la passion et des histoires, c'est justement le point de départ de ce mini-roman d'horreur, autour d'un feu de camp, trois jeunes adolescents décident de revisiter une légende urbaine, celle de Spellman ...
Spellman qui pourrait se traduire littéralement magicien, le ton est donné, la plume est efficace, il est inutile de tourner autour du pot, pour mesurer l'adrénaline, mieux vaut s'isoler, dans l'obscurité, dans le silence de l'effeuillage des pages du livre et de vous laisser guider par la peur qui montera crescendo, de laisser ce venin de l'angoisse s'instiller dans votre esprit, cette histoire se revendique comme un hommage à l'un des grands maîtres du cinéma fantastique et d'horreur mais plus globalement à un genre prisé par plusieurs générations qui a débuté avec un certain La nuit des morts-vivants de George Romero en 1968 avant de continuer à délivrer des films mythiques dans les 70 et 80, il aura fallu ensuite attendre une certaine année 1996 (1997 pour la France) avec le retour du slasher et quel retour !!!
Le cri du coeur d'une génération ...
Le slasher est apparu avec la série des Vendredi 13, Freddy ou encore Halloween, l'apparition d'un personnage tueur psychopathe éliminant les uns après les autres un groupe d'individus avec des moyens différents pour apporter toujours plus de piment et d'excitation dans une forme de plaisir coupable à l'idée de décomplexer, de frissonner, d'éprouver ses différents sens, de faire monter le palpitant, des images chocs ou des scènes qui vont marqueront plus que d'autres, le cinéma d'horreur peut se positionner aussi comme une forme de dénonciation des travers de la société, chacun pourra s'y retrouver dans ce jeu de massacres pour peu de vouloir accepter le fond autant que sur la forme, le mythe et la réalité finissent par se confondre, les légendes urbaines sont nées ...
Du cinéma à la littérature, il n'y a qu'un pas ...
Dans les années 80 et 90, la formidable et regrettée collection Terreur de Presse Pocket a popularisé les romans horrifiques et fantastiques ainsi que celle de Gore chez Fleuve Noir Editions, comme pour le cinéma, il y a eu des périodes d'accalmie, si Stephen King continue d'écrire et de publier avec une régularité de métronome depuis 40 ans, on peut assister de nouveau à un renouveau du genre avec les édités (voir la nouvelle collection Terreur de Bragelonne avec Adam Neville, Christopher Golden ou encore James Herbert ...) mais aussi les auto-édités comme Katia Campagne et sa trilogie IVM, Frédéric Soulier, Azel Bury et la série d'Irma et Adriel, Michael Fenris, Damien Leban, Bastien Pantalé, Christelle Colpaert, Thomas Clearlake, Sophie Guinzani, Pierre Gaulon, Alexis Arendt, Mickaël Lawrence, Christelle Morize parmi tant d'autres, Daryl Delight y contribue avec La légende de Spellman et Amalia.
Une légende est née ...
Dans ce roman court mais intense, pas une seconde d'ennui, il suffit juste de laisser votre esprit prendre le pas sur le rationnel, sur la réalité, de s'immerger plutôt du côté obscur des forces occultes et mystérieuses, le monstre est de retour dans une construction originale que vous prendrez plaisir à découvrir, tout est possible pour dépasser les limites de l'imagination la plus fertile, la violence y est bien présente, l'auteur nous prend à la gorge pour instaurer un climat d'épouvante avec une facilité déconcertante, si les personnages versent dans le schéma classique côté psychologie, si certaines séquences sonnent comme une air de déjà-vu, si la maison hantée n'a plus de secret pour vous, La légende de Spellman saura vous convaincre de vivre un bon trip horrifique avec tout ce que l'on est en droit d'attendre, une ambiance oppressante, les zones de non-droit ou de l'inconnu la plus totale, flirter avec les frontières de l'irréel et du paranormal, une écriture incisive, des codes narratifs du genre respectés à la lettre avec la particularité de s'écarter par un twist surprenant, une friandise, des rebondissements, des sueurs froides assurées, la peur est notre ami, prenez garde aux bruits étranges qui siffleront à vos oreilles, soyez aux aguets, soyez prêt pour un moment de cauchemar assuré, pour une nuit peuplé de monstres sanguinaires, pour certains ce sera lu rapidement avec un arrière-goût de nostalgie mais dont les effets restent toujours saisissants et jouissifs, pour les autres, l'opportunité de lire différemment, d'embrasser un univers qui n'a pas fini de surprendre, de se renouveler, de vous happer pour vous procurer ce délicieux goût de frissons !!!
La terreur n'est pas morte, elle ne fait que commencer, que vous diriez-vous de partir avec moi au milieu de la forêt autour d'un feu improvisé avec pour tout bagage notre imagination ... pour se faire peur ? Vous voilà prévenus ...