Meilleur commentaire critique
1,0 sur 5 étoilesGrosse propagande pour un récit très incomplet
Commenté en France le 9 janvier 2021
Je n'aurais de moi-même jamais lu La Familia Grande de Camille Kouchner si on ne me l'avait pas offert. La curiosité aidant pour ces années où la gauche caviar conduite par Mitterrand dirigeait le pays, j'ai décidé d'y passer la soirée.
On a l'impression désagréable d'être entré dans le cabinet d'un psychanalyste et d'écouter, en embuscade, le récit familial d'une série de tragédies, suicides à profusion, mort suspecte d'une tante célèbre, jeux de pouvoir, portrait d'un homme à l'obsessive identité, jusqu'à la pauvre Christine Ockrent décrite comme une parfaite marâtre, et enfin les attouchements qu'on nous dit répétés d'un beau-père à l'encontre de son beau-fils. On ne peut rien vérifier de l'ampleur des faits, seulement écouter et croire à la sincérité et à la justesse des propos tenus par la sœur de celui qui a été victime d'un pédophile au crime unique.
On n'apprend rien de ce livre qu'on ne savait déjà : l'inceste et le viol d'adolescents fragiles existent et il s'ensuit des lâchetés, des silences, quel que soit le milieu social concerné. Est-ce parce que l'histoire se passe au sein de la gauche des années 90 que le récit est plus intéressant ? Pour l'éditeur et ses 70000 exemplaires mis en vente avec l'appui des médias, sûrement. Pour les faits eux-mêmes et la conduite du récit à l'intention des lecteurs, non. L'excitation autour du livre provient du fait qu'il s'agit de la fille d'une des anciennes personnalités " préférées " des Français et que le name dropping y est constant . Mais sur le fond, il n'y a rien qui soit proprement analysé. Le vrai thème du livre n'est pas du tout l'inceste, mais le rapport mère - enfants. Etant donné que l'on n'entend qu'une seule voix, un seul point de vue, que les sœurs Pisier ne sont plus là pour raconter, on étouffe vite en présence de Camille, la narratrice, qui tente par tous les moyens de justifier son silence. Elle savait et n'a rien dit. On se doutait que la souffrance et la misère morale touchaient également les élites. On le sait enfin de façon certaine. Ouf !