Meilleur commentaire critique
3,0 sur 5 étoilesCoucou, c'est JKR !
Commenté en France 🇫🇷 le 8 novembre 2013
Premier roman policier publié par Robert Galbraith, l'appel du Coucou est en fait le premier livre publié sous ce nom d'emprunt par JK Rowling, l'auteur de Harry Potter.
Le « secret » a été rapidement éventé, et passera probablement pour un coup de pub pour la plupart des lecteurs, tant les aspects sociétaux déprimants du livre font penser au précédent (Une place à prendre).
Reste à mon sens que les critiques anglo-saxons qui ont porté ce texte aux nues étaient au courant du subterfuge.
Car il n'y a pas là de quoi casser trois pattes à un canard.
Si ce roman policier est assez agréable à lire, son canevas se réduit à une succession d'interrogatoires des différents témoins des dernières heures de Lula, le Top Model défenestré au cœur de l'intrigue. Il n'y a pas d'action du tout. C'est très vieillot, ça ressemble à du Agatha Christie sous Tranxène.
Il y a un petit côté scolaire dans la construction, avec à chaque changement de décor des descriptions un peu longuettes des lieux visités par l'enquêteur unijambiste, avant d'enchainer sur un entretien avec un témoin souvent difficile.
Car tout le monde est suspect dans ce livre. Souvent par nature, tant la vénalité et la vanité semblent être les seules motivations des personnages.
C'est bien un roman noir, au sens où l'optimisme n'est vraiment pas de mise, les défauts des personnages étant mis en évidence avec soin.
Les personnages principaux m'ont déçu. Cormoran Strike est un détective un peu désincarné, il manque de consistance, même si JKR s'amuse à en faire un éclopé sur tous les plans (amoureux, physique et financier). Robin, sa secrétaire par intérim, est le seul personnage a apporter un peu de fraîcheur au livre, mais l'auteur prend bien soin de montrer comme son bonheur et sa joie de vivre sont éphémères et superficiels.
JKR ne veut (ou ne peut) plus faire naître chez son lecteur trop d'empathie pour ses personnages : elle a le pied sur le frein pour ne pas les rendre trop sympathiques, et ça se sent. Du coup, ce couple ultra classique du privé et sa secrétaire sonne un peu creux.
Reste que l'intrigue est correcte, même s'il est possible de deviner assez tôt l'identité du coupable. On suit du début à la fin le personnage principal, Cormoran Strike, et ce point de vue unique permet à l'auteur de maintenir l'attention du lecteur, même si le procédé qui consiste à ne pas partager les déductions de l'enquêteur avec le lecteur est assez éculé.
La galerie des personnages, même si elle est trop étoffée, est le point fort du livre. JKR croque avec talent le producteur libidineux, la rock star héroïnomane, le chauffeur de maître qui rêve de devenir acteur, la grande bourgeoise volage, la copine malveillante, la mère indigne, le créateur de mode tyrannique...
Le suspens est assez bien mené, la conclusion très correcte, c'est un livre qui se lit facilement.
Le style est plutôt ordinaire, parfois un peu brouillon (peut être un peu de précipitation dans la traduction ?).
La critique sociétale est très présente, on sent bien que l'auteur veut faire passer des messages (sur la vénalité et la vanité). Quoi de mieux pour cela que d'utiliser comme toile de fond les milieux de la mode, des VIP et celui des riches familles Anglaises ?
Les thèmes habituels de l'auteur (ou ses obsessions), à savoir les traumatismes liés à l'enfance, les déboires liés à l'adoption, la quête des origines et les psychopathes sont tous bien présents dans le livre. Ils en sont même les éléments centraux. JKR nous offre une nouvelle fois sa vision de l'humanité, guère reluisante, dans un roman qui se complait souvent un peu trop dans la tristesse.
Au final, un livre sombre, froid, agréable à lire, mais un roman policier d'une grande banalité et un roman noir à l'humour bien trop rare.